Julie Virlimo finissait les cartons. Son fils avait son nouvel appartement, dans la bibliothèque de la ville ainsi qu’un travail. Son adorable fils, s’en sortait donc enfin… Avec un peu de chance, il parviendrait enfin à vivre mieux qu’en France. A 22 ans, il restait son petit enfant qu’elle aimait materner. Elle se rappelait encore, avant qu’il ne commence sa longue dépression, le garçon jovial et curieux comme tout qui enchantait ses journées tel un soleil du mois d’août… De l’Ancien Monde, cela allait de soi. En rangeant le dernier carton, elle tomba sur un carnet, vieux et usé. Une chose rare, un carnet de papier, le plus grand trésor du jeune homme, son propre journal.
Elle hésita… Devait-elle le lire ? Sa main tremblait en effleurant la couverture rouge du cadeau que le destin venait de lui faire. Pouvait-elle violer l’intimité de son petit morceau d’amour ? Elle avait presque peur… Non, elle lui faisait confiance… Enfin…. Presque… Elle s’était tellement inquiétée de ne pouvoir l’aider lors de sa dépression… L’incompréhension, la fatalité de ne pouvoir rien faire. Elle avait arrêté de compter les nuits qu’elle avait passées au fourneau pour faire les plats préférés de son petit conteur, les soirées vides et amères de tristesse, car Tajic refusait de raconter une histoire à ses parents comme il en avait tellement l’habitude avant. Tout, elle avait tout fait, mais seulement cette dame étrange l’avait sauvé. Elle en était presque jalouse. Son fiston allait mieux, mais c’était une inconnue qui l’avait sauvé. Soudain, son téléphone sonna et l’image holographique de la directrice apparut, quand on parlait du loup, on en voyait la queue.
-Bonjour madame Hidenori, merci encore de vous occuper de mon fils… Non, je vous dois tout… Oui, je saurais charrier les cartons seule, ne vous en fait pas… J’arrive d’ici une heure ou deux le temps de finir… Bien, très bien… Non, je ne bois pas d’alcool… Oui, un café pourquoi pas… Je dois vous laisser… Au revoir.
Elle raccrochait de manière plus violente qu’elle ne l’aurait voulue. La jalousie lui tiraillait les entrailles. Une inconnue semblait connaitre bien mieux son fils qu’elle… Elle avait peur de ne pas connaître la chair de sa chair… Elle jetait des coups d’œil au journal… Elle allait trahir sa confiance, mais elle voulait savoir… Et si son fils n’était pas…. Normal ? La main tremblante, elle ouvrit le journal.
Sujet: Re: Le passé du misanthrope Mer 24 Fév - 9:41
13 septembre 2146
Cher Journal, tu es mon cadeau d’anniversaire pour mes 8 ans. Papa dit qu’il t’a payé très cher, mais je suis content d’avoir un livre de papier. Je te raconterais mes journées, Promis ! Au fait, je m’appelle Tajic Virlimo, je suis français… Mais mon papa a les yeux bridés. Je crois qu’il est asiatique ? Oui, c’est ça. Journal, tu sais ce que c’est la France ? C’est le nom des trente villes au-dessus de l’eau. On est sur des poteaux, c’est sale, ça sent souvent mauvais, mais c’est ici que je vis. Dans Lyon, la seule ville avec un peu de terre sous les poteaux. Mais il y a de la vase et ça tache, je n'ai pas le droit d’y aller, c’est interdit. Maman m’a déjà punie, car je m’étais tâché, mais mon copain Fred, il dit que lui ça ne le tâche pas ! Il est bizarre mais marrant Fred. Il peut changer de couleur et de visage, c’est rigolo, on fait des blagues. Mais ses parents m’ont fait jurer de garder le secret, mais toi, Journal, je peux tout te dire !!! Je suis fatigué donc je vais y aller. A la prochaine, Journal, demain j’ai école, donc je ne sais pas si je pourrais venir te parler. Je t’aime déjà Journal !!